L'Europe affine sa stratégie pour retrouver le chemin de l'espace
La concurrence se joue sur terre, mais aussi dans l’espace. Les Européens ont présenté en tout début de semaine leur plan pour rattraper les États-Unis et ne pas se faire dépasser par la Chine en ce qui concerne les constellations de satellites. Nom du projet : IRIS², car force est de constater que l’Europe est en retard en la matière. Décryptage. Si l’Europe accuse certes un certain retard, elle reste un acteur incontournable du secteur spatial. Le continent dispose de deux types de lanceurs, traduisez deux types de fusées : Ariane et Vega. Vega permet d'envoyer des satellites en orbites basse et moyenne, alors qu'Ariane a aussi la possibilité d'envoyer des satellites plus gros dans des orbites plus élevées. Les deux peuvent envoyer des constellations, comme IRIS², portée par les Européens.Problèmes en cascade L’Europe a donc des outils, mais ils ont évolué et parfois pas comme prévu. Le dernier modèle de la gamme Vega, Vega C, a été confronté à plusieurs lancements ratés. C’est désormais de l'histoire ancienne, la première mission commerciale de ce lanceur s’est déroulée au début du mois et tout s’est bien passé. Pour Ariane, c’est un peu différent, mais le résultat est le même. La dernière version de cette fusée, Ariane 6, a rencontré plusieurs soucis techniques dans son développement. Résultat, son exploitation commerciale n’est toujours pas effective et ne le sera pas avant la mi-février 2025, ce retard a privé les Européens d’accès à l’espace pendant plusieurs mois. À écouter aussiGrand reportage: Ariane 6, une fusée pour renvoyer l’Europe dans l’EspaceConcurrence féroce Lorsque le prédécesseur d'Ariane 6, Ariane 5, est parti à la retraite en 2023, l'Europe n'avait tout simplement pas de moyen d'accéder à l'espace. Pour envoyer des satellites, il était question d'utiliser les capsules russes de Soyouz, mais entre temps, la guerre en Ukraine et les sanctions à l'encontre de la Russie sont passées par là. De leur côté, les Américains ont beaucoup misé sur SpaceX, qu'il s'agisse de ses navettes réutilisables pour rejoindre la station spatiale internationale ou ses capsules et lanceurs, réutilisables, eux aussi,, pour mettre des satellites et constellations en orbite. Autonomie et compétitivité européennes L'ambition pour l'Europe est claire : avoir un accès à l'espace sans être dépendant des projets américains, chinois ou russes. Maintenant que les lanceurs sont prêts, les missions peuvent être programmées. La dernière rendue publique est le projet IRIS² donc, cette constellation de satellites européens. Au total, 290 satellites de toutes tailles pour un montant de pratiquement 11 milliards d'euros avec une ambition de mise en service d'ici cinq ans. Concrètement, l'idée de ce projet est d'offrir une alternative à la constellation Starlink de SpaceX notamment pour les services publics civils et militaires. À lire aussiAvec la constellation de satellites IRIS², l’Europe espère «maintenir ses capacités spatiales» face aux États-Unis et la ChineMais à côté de ces grands programmes, il a aussi des start-up européennes. Mouvement acté lors du sommet de Séville en novembre 2023 pour soutenir l’innovation. On recense plus de 200 projets, dont seuls quatre ou cinq devraient survivre, avec des premiers lancements en 2026. L'Europe, après quelques ratés, a retrouvé le chemin de l'espace, stimulée par la concurrence. Et les enjeux sont importants, qu'ils soient commerciaux, militaires et bien sûr économiques !