CinéRires #26 Spécial Noël | Le Père Noël est une ordure
LE PERE NOEL EST UNE ORDURECa y est c’est enfin Noël. Avec tout ce que ça comporte comme traditions ancestrales, à savoir le sapin, les jouets, mais aussi et surtout la solidarité entre les êtres humains. Solidarité symbolisée par le mythique père Noël, ami des petits comme des grands.Sauf qu’on est dans la vraie vie les gars, ce qui fait qu’on offre des cadeaux affreux à des gens qu’on n’aime pas vraiment, et que le père noël est un alcoolique qui bat sa femme.Et c’est cette triste réalité que traite bien évidemment, le père noël est une ordure, adaptation de la pièce éponyme conçue par la mythique troupe du splendid, et réalisée en 1982 par Jean-Marie Poiré.Si amour, coquillage et crustacés, leur pièce précédente était une critique virulente de la France moyenne des années 70, la troupe du splendid était alors, toujours bienveillante avec leurs personnages. Mais en 1979, quand ils donnent leur nouvelle pièce, le père noël est une ordure, ils montent d’un cran et offrent une galerie de personnages tous plus ignobles les uns que les autres, influencés en cela par la comédie Italienne de l’époque, à savoir entre autres, affreux sale et méchants.Ils dynamitent également la fausse générosité, et les associations bigotes censées aider les gens désespérés pour se donner bonne conscience. Et on peut dire que la troupe a fait mouche, vu qu’à l’époque l’affiche du film fut censurée par la RATP, soit disant à cause du titre grossier, mais aussi et surtout par les pressions exercées par ces mêmes assoc. catholiques, visés dans le film. Comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, le film raconte les aventures de deux bénévoles Thérèse de Monsou et Pierre Mortez, incarnés respectivement par Anémone et Thierry Lhermitte. Ces derniers sublimant avec maestria les répliques de leurs personnages respectifs devenues cultes, comme celle-ci (pierre agacer) pour thérese, et (c’est c’laoui) pour Mortez.Le soir de Noël, ces deux personnages sont censés remonter le moral des suicidaires dans la permanence de détresse amitié, mais y’à pas trop de boulot.Alors pour passer le temps, ils s’offrent leurs cadeaux de Noël respectifs. Cadeaux un peu particulier il faut bien le dire, comme le vêtement que reçoit pierre, de la part de Thérèse. Et Thérèse elle, reçoit un tableau dessiné par Pierre et la représentant nue avec un magnifique animal. Les deux héros sont encadrés par la responsable de la permanence, Mme Musquin, personnage très pète sec qui, au moment de rejoindre sa famille pour le réveillon, se retrouve coincée dans l’ascenseur pendant quasiment tout le film.Il est à noter que ce personnage n’existait pas dans la pièce car son interprète Josiane Balasko, qui l’a pourtant coécrite, n’était pas disponible à ce moment-là, même si elle joua pourtant le personnage de Thérèse pendant quelques représentations. Jean-Marie Poiré créa donc le personnage de Mme Musquin, spécialement pour le film.Mais la tranquillité des deux bénévoles va être rapidement gâchée par quelques personnages tous plus barrés et malsains les uns que les autres.Cela commence par l’appel d’une personne très en détresse, et prise en charge par Thérèse. Mais il s’avère que cet homme sois disant suicidaire, est en réalité un gros pervers.Vous avez certainement reconnu la voix de Michel Blanc, dans le rôle de ce personnage invisible à l’écran, mais cependant mythique. Il faut dire que l’acteur avait momentanément quitté la troupe à l’époque de la pièce, même s’il figurera lui aussi dans quelques représentations, cette fois-ci dans le personnage du père Noël.Et justement, Thérèse voit arriver l’une de ses protégées Josette, alias Zezette, une semi sdf enceinte, sans cesse accompagnée de son caddie remplie à ras bord de choses inutiles. Elle est jouée par une Marie-Anne Chazel méconnaissable, grâce notamment au très léger défaut de prononciation de son personnage.Si cette dernière est venue se réfugier dans la permanence, c’est parce qu’elle est poursuivie par son conjoint Félix, déguisé en père noël bas de gamme, et très violent avec elle quand il est pris de boisson.Et Felix, interprété par Gerard Jugnot, fait donc irruption dans leur appartement, pistolet en main, afin de récupérer l’amour de sa vie, alors oui le père noël est vraiment une ordure.Mais zézette le reçoit à coup de fer à repasser dans la gueule.Ce qui fait que nos héros doivent sortir de leur permanence afin de se mettre en quête d’une pharmacie ouverte à NoëlEt le pharmacien, c’est bien évidemment le célèbre Jacques François, l’un des seconds rôles Français les plus populaires et spécialisé dans les rôles de riches patrons méprisants. Cette séquence, l’une des plus célèbres du film, ou l’acteur accepta de ne pas être pas être payé, par amitié pour la troupe, nous montre le pharmacien en train de recevoir un cadeau très odorant.Et ce dessert a été concocté avec amour par un autre trouble fête de la soirée, le voisin d’immeuble de la permanence, l’inoubliable Mr.Preskovitch, joué par Bruno Moynot.Solitaire et humaniste, celui-ci n’a de cesse de vouloir offrir à ses voisins les délicieuses spécialités de son pays la Bulgarie, même si nos héros ne semblent pas partager le même amour pour ces victuailles, que lui.Et nous n’oublierons pas Katia, dernière mais non des moindres troubles fêtes, une jeune femme jouée par un Christian Clavier assez touchant, qui en pleine déprime appelle Mortez afin d’obtenir du réconfort.Puis elle s’invite à la permanence, ou elle danse un slow langoureux avec ce dernier sur la chanson destinée de guy Marchand, chanson rajoutée à la dernière minute au montage, suite au refus de Julio Iglesias de laisser la prod utiliser son tube pauvres diables.Si ce personnage de femme coincée dans un corps d’homme avait été crée avant tout dans le but de révéler l’esprit étriqué des autres personnages, il est malheureusement devenu depuis une référence pour les innombrables préjugés transphobes. Comme quoi, il faut vraiment faire attention à la caricature qu’on l’on fait d’une communauté dans une comédie, car même si l’intention est bonne au départ, elle peut être autant stigmatisante pour cette communauté que les attaques réelles.Tout ce petit monde, miroir très déformant et horrible de notre société vont s’affronter, se battre, s’engueuler et faire l’amour, jusqu’à ce qu’un drame provoqué par l’arme de Félix, les oblige à se serrer les coudes dans le but de faire disparaitre un corps.Le célèbre final dans le zoo de Vincennes a été écrit spécialement pour le film. En effet Jean-Marie Poiré le réalisateur, n’aimait pas du tout la fin de la pièce de théâtre.Il faut dire que dans la pièce c’était le corps de Katia qui était découpé en morceaux, et non celui du réparateur d’ascenseurs. De plus tous les personnages perdaient la vie dans l’explosion de l’immeuble, suite au suicide au gaz de Mr.Preskovitch.Mais il est vrai que ces choix scénaristiques, possible sur scène grâce à la distanciation théâtrale, auraient été difficilement transposables au cinéma, ou tout doit être beaucoup plus réaliste, ce qui l’aurait fait d’avantage ressembler à un film d’horreur qu’à une comédie.Et ce sont ces améliorations, plus ou moins réussies, qui feront du père Noël est une ordure, un classique de la comédie Française, avec ses acteurs au sommet de leur art, et ses répliques drôles et marquantes.Cependant ce film n’eut à sa sortie qu’un succès d’estime, à cause notamment du scandale que j’ai mentionné au début de cette chronique. Il faudra attendre ses premières diffusions télé, pour que le film devienne au fil des années une œuvre culte.Il a depuis été rediffusé quatorze fois, la plus récente datant du 5 décembre 2016. Ce qui est pourtant très peu en comparaison des films comptabilisant le plus de passage comme ne nous fâchons pas, le pacha ou la traversée de Paris, avec tous les trois 26 diffusions au compteur. Notre père Noël n’étant placé lui, que dans les 250 premiers.Voila, si vous écoutez cette chronique lors de sa première diffusion, je voudrais vous souhaiter un bon Noël, et ce malgré tout ce que je viens de raconter, et si vous écoutez la 250 millième rediffusion, je vous dirais de ne jamais oublier de rire parce-que personne ne le fera à votre place.