Les hymnes à la joie de Lou Donaldson
“Everything I Play is Funky” !C’est ce que proclamait le saxophoniste Lou Donaldson en 1970, sur la pochette d’un de ses nombreux albums pour Blue Note…Label dont il était alors l’une des vedettes, et dont il a même été un pilier pendant deux décennies, à partir du début des fifties.Lou Donaldson nous a quittés ce week-end au bel âge de 98 ans.Sa musique était tellement solaire, positive et porteuse de bonnes énergies, qu’on va tout simplement s’immerger en elle, ce midi.Ce qui est passionnant avec lui, c’est qu’il a incarné plusieurs évolutions du jazz…Et c’est ce qu’on va explorer dans ce Deli Express.Et notre première destination musicale, c’est le bebop, puisque Lou Donaldson a d’abord été fasciné par la vélocité, l’agilité et l’exigence des tenants du bebop, à commencer par Charlie Parker. Lou s’exprimait d’ailleurs, comme lui, à l’alto. Et c’est auprès d’une étoile du bebop qu’il a gravé ses premiers enregistrements, le 7 avril 1952 dans le groupe du vibraphoniste Milt Jackson !A partir de ce moment-là, Lou Donaldson a enchaîné les sessions pour le label Blue Note qui incarnait alors toute la modernité du jazz…Et il a accompagné nombre de ses évolutions esthétiques.Pour rester dans le bebop, après Milt Jackson, il y a eu Thelonious Monk…Puis Lou s’est lié d’amitié avec tous les jeunes musiciens qui gravitaient autour du label… Clifford Brown, Horace Silver, Art Blakey…Une génération qui avait décidé de faire ressortir dans sa musique, les racines blues et gospel du jazz…Ca a donné le hard-bop, et l’un des actes fondateurs de cette nouvelle branche, s’est déroulé au Birdland, à New York, le 21 février 1954, avec tous les musiciens que je viens de citer, ainsi que Curly Russell à la contrebasse. Et bien sûr, NOTRE Lou Donaldson !Lou Donaldson, saxophoniste donc, pétri de blues et de gospel.Le blues, c’était même le sujet au cœur d’un des joyaux de sa discographie : l’album "Blues Walk" sorti en 1958 !A ses côtés sur "Blues Walk", on peut entendre un certain Ray Barretto aux congas…A l’époque, Barretto, c’était l’une des étoiles montantes de la musique latine à New York. Et depuis le bebop, il y avait pleins de croisements entre les jazzmen et les musiciens latinosLou Donaldson, lui, a toujours adoré ce genre de croisements, et les croisements d’une manière générale, puisque dans les années 60, il a fait parti de ceux qui a accompagné l’évolution du hard-bop, dont on parlait un peu plus tôt, vers le soul-jazz et même à la fin de cette décennie, et pour en revenir aux grooves latins, vers le boogaloo.L’un des sommets de l’abondante discographie de Lou Donaldson, c’est un album sorti en 67, qui s’appelle "Alligator Boogaloo". Dessus, il y a notamment George Benson à la guitare, Lonnie Smith à l’orgue, et le batteur Leo Smith qui n’allait pas tarder à mener une belle carrière sous le nom d’Idris Muhammad.A cette époque, Lou Donaldson était l’un des artistes vedettes de Blue Note, label auquel il est resté fidèle jusqu’en 1974. D’abord pétri de blues et de gospel comme on l’a dit plus tôt, il a ensuite regardé du côté des croisements entre le jazz, la soul et le funk…Allant même jusqu’à reprendre James Brown et son hymne Say It Loud (I’m Black & I’m Proud) !Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.