Des conversations transversales cherchant la recette pour ménager la biodiversité et l’être humain en ville.
Accueillir la nature et la biodiversité en ville...
Autoroute de la biodiversité : comment penser le mouvement des espèces en ville ?
Lors de l’épisode précédent, nous abordions la question de la végétalisation participative. Végétaliser la ville, c’est fournir des habitats à différentes espèces. D’ailleurs, la ville fournie peut offrir une diversité importante de lieux et de ressources à la faune et à la flore. Cependant, un ajout seul de végétation ne suffit pas à protéger la biodiversité. En effet, il est nécessaire que ces différents habitats soient connectés entre eux, pour permettre aux espèces de circuler d’un espace à l’autre. Il faut penser réseau. Comment cela se traduit-il alors dans l’aménagement du territoire ? Quelles sont les difficultés et les leviers d’actions existants ?Pour répondre à ces questions, Marc Bourgeois, maître de conférences à l’université Lyon 3 et chercheur en écologie du paysage.“L’écologie du paysage tente de croiser l’approche fonctionnelle des écologues qui s’intéressent aux processus entre les animaux, avec celle des géographes ont la volonté de spatialiser ces processus. En écologie du paysage, on essaye de mettre des fonctions écologiques à des entités spatiales.”“Tout se base sur le modèle matrice, tâche, corridor développé dans les années 1980. On identifie sur une carte les tâches d’habitat avec des objets compacts, lesquels peuvent être reliés par des corridors, des zones de passage plus ou moins facile à traverser pour les animaux. Ces déplacements sont rendus plus ou moins faciles par ce qu’on appelle la configuration de la matrice paysagère. La facilité de déplacement pour les espèces dans un paysage, c’est la connectivité écologique, un processus essentiel pour le maintien des espèces et à terme de la biodiversité.”“En France, c’est à partir des années 2010, après le Grenelle de l’environnement, avec les trames vertes et bleues, que l’on commence à prendre en compte les questions de connectivité écologique.”“Les questions de continuité écologique sont prises en compte, mais dans un environnement urbain dense elles sont extrêmement difficiles à mettre en œuvre.” “À quoi bon proposer un nouvel espace vert s’il n’est absolument pas connecté et que les espèces ne peuvent pas y accéder.”“À différentes échelles, on est encore aujourd’hui en 2025 en train d'essayer de faire des trames vertes et bleues sur les territoires, c’est quelque chose qui n’est encore pas fini.”Un épisode présenté par Eloïse Bellet et Clara Lyonnais-Voutaz, doctorantes au laboratoire EVS Environnement, Ville, Société. Une émission en partenariat avec l’association Des Espèces Parmi’Lyon.
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24:52
Par-delà l’action publique, comment végétaliser la ville avec ses habitants ?
Les orientations politiques actuelles en termes d’aménagement et de gestion des villes mettent l’accent sur la (re-)végétalisation de l’espace. Derrière ces actions se trouvent les politiques publiques, les services en charge des espaces verts mais aussi des associations et des habitants. La géographe Amélie Deschamps, spécialiste de ces questions, nous parle de ces projets de végétalisation participative, de leur mise en place mais aussi de leurs limites. Un épisode présenté par Eloïse Bellet et Clara Lyonnais-Voutaz.“Pour comprendre des questions d’écologie urbaine, il faut penser la place des habitants.”“Dans ces deux types de programmes de végétalisation participative -permis de végétaliser et jardins participatifs- il y a une contractualisation entre les habitants, qui sont bénévoles et volontaires, et la mairie qui pose un cadre, qui donne des autorisations, pour végétaliser l’espace public.”“Les programmes permettent de légitimer l’action habitante et surtout de pérenniser les plantations.” “Les habitants sont très libres dans ce qu’ils font mais ils ont un certain nombre de conseils ou contraintes à respecter : privilégier la plantation d’espèces indigènes, éviter les espèces invasives, préférer les espèces aptes à supporter les conditions urbaines…”“Les habitants n’ont pas toujours conscience ou connaissance de toutes les espèces, et peuvent être face à des espèces invasives sans les reconnaître par exemple.”“Un aspect esthétique visible est très à cœur des habitants, ce qui va parfois à l’encontre d’objectifs de biodiversité comme la plantation d’espèces indigènes.”“Le modèle des jardins partagés vient d’Amérique du Nord, avec des initiatives à l’origine associative d’occupation militante d’espaces abandonnés en ville. En France, il existe encore des groupes qui se revendiquent de la guerilla gardening, des jardins en opposition aux municipalités - mais ils sont rares et très localisés.”“Du point de vue des habitants, on a une recherche très concrète au quotidien, notamment d’amélioration du cadre de vie local, de rencontre.”“Les inquiétudes que la municipalité peut parfois avoir quant aux jardins sont liées à la question de la propreté : on délègue la gestion d’un espace vert aux habitants, avec un enjeu de responsabilité de son entretien sur le temps long. Cette peur n’est pas nouvelle, Françoise Weber au XXème siècle de la peur des bidonvilles pour parler des jardins ouvriers.”“Ça peut être un moyen de réduire certaines inégalités mais ça dépend d’une volonté municipale d’avoir une impulsion stratégique, prospective, sur les endroits où développer la végétalisation participative en priorité.”
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35:45
La méthode Miyawaki : une oasis parmi le béton ?
“La tradition de la nature en ville c’est le jardin d’agrément, une nature bien rangée où l’homme occupe une place prépondérante. Derrière la méthode Miyawaki, on rend des espaces à la nature desquels l’homme sera absent.”La méthode Miyawaki, qu’est-ce que c’est ? Tout droit venue du Japon, elle consiste, dans un milieu urbain, à replanter densément des jeunes arbustes de plantes indigènes pour recréer des petites poches de forêts sauvages au plus proche de ce que la nature aurait fait si on l’avait laissé faire. Pour l’association Boomforest qui la déploie dans ses projets de plantation et restauration de mini-forêts urbaines, deux maîtres principes : implication citoyenne et retour d’une nature sauvage et indigène. Pour nous en parler dans ce nouvel épisode de la Chèvre et le Chou, Matthieu Coumoul Llamas, naturaliste de l’association Des espèces Parmi’Lyon, reçoit Guillaume Dozier de Boomforest.
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36:39
Renouées du Japon : ennemies vertes ou invitées surprises?
Conversation avec Irène de la Forge.Si une partie de la biodiversité est particulièrement appréciée par les citoyens (certaines espèces d’oiseaux, de végétaux ornementaux par exemple), il existe aussi tout un tas d’espèces parfois moins désirées, voire même jugée comme nuisibles. Pourtant, ces espèces ont tout autant leur place dans le fonctionnement des écosystèmes. Notre objectif est donc d’explorer toutes ces facettes de la biodiversité : celle désirée, et celle qui l’est moins pour ce premier épisode nous allons nous pencher justement sur le cas d’espèces non désirées, les espèces exotiques envahissantes : qui sont-elles, quels enjeux sont liés à leur présence et surtout, faut-il les craindre ou chercher à tout prix à les combattre? Nous nous intéresserons plus spécifiquement aujourd’hui à la renouée du Japon et pour cela nous recevons Irène de la Forge, ingénieure d’étude à l’ENS de Lyon et future doctorante qui travaille sur le sujet.
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21:23
Vaches sacrées, chiens errants et léopards : quelle place pour les animaux dans les villes des Suds ?
L’espace public des villes des Suds est évolution perpétuelle : travaux et transformations sont omniprésents et impactent notamment les territoires des animaux autres qu’humains qui les peuplent. Noé Parot, doctorant en géographie à l’université Lyon III, s’intéresse à ces territoires et aux déplacements de la faune dans les villes des Suds. Il questionne également la relation qu’entretiennent les habitants avec les différentes espèces animales dans les villes marocaines ou indiennes, pour penser une cohabitation entre animaux commensaux et humains, tous habitants de territoires constamment remaniés. Une émission de Eloïse Bellet (EVS) Clara Voutaz (EVS), Matthieu Coumoul (Des Espèces Parmi'Lyon) et Nathan Malavolti ( Des Espèces Parmi'Lyon).
Des conversations transversales cherchant la recette pour ménager la biodiversité et l’être humain en ville.
Accueillir la nature et la biodiversité en ville c’est un peu ménager la chèvre et le chou : une demande sociétale, politique mais aussi économique et écologique existe mais seulement sous certaines conditions. En effet, pour beaucoup, cette « nature », qui est en fait aussi naturelle que culturelle, doit être propre, contrôlée et agréable. Il semble donc nécessaire de questionner nos relations aux espèces urbaines, animales comme végétales, pour tendre vers une cohabitation plus ouverte et apaisée. Ce podcast vise à explorer toutes les facettes de la biodiversité et de la nature, végétale comme animale, dans les villes contemporaines. Des échanges avec des spécialistes issus de milieux variés (scientifiques, acteurs associatifs, naturalistes, habitants, etc.) et la présentation d’initiatives ou d’anecdotes permettront d’enrichir et d’éclairer avec une lumière nouvelle nos relations avec le vivant non-humain.
Produit par Eloïse Bellet, Matthieu Coumoul, Clara Voutaz avec l'association Des Espèces Parmi'Lyon.
Laboratoire Environnement, Ville, Société (UMR 5600 EVS)
L’association Des espèces parmi Lyon
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