À BICYCLETTE X CREATION OF THE GODS II
Se remet-on du deuil d'un fils ? Probablement jamais. Mais il faut essayer de vivre avec sans oublier. Matthias Mlekuz a décidé de placer ses pas dans ceux de son fils disparu. Ou plutôt de se mettre dans sa roue, en refaisant à vélo le dernier voyage effectué par Youri, de La Rochelle à Istanbul. Mlekuz, second rôle du cinéma français aussi discret que durable, embarque avec lui Philippe Rebbot, autre comédien familier, son chien et une caméra. Ce road trip funéraire aurait pu donner lieu à un home movie, un carnet de route sur le processus de deuil, de compréhension d'un geste incompréhensible. À Bicyclette est bien d'autres choses quand ce périple va se doubler de l'introspection d'une amitié, prendre le chemin d'une tragicomédie libératrice pour ces deux sexagénaires partant à l'aventure. La crainte du déballage voyeuriste s'efface vite pour cette grande vadrouille à deux, improvisée selon les cahots du parcours, les coups de blues et les fous rires, les engueulades et les embrassades. Bien sûr, le but de ce voyage est thérapeutique pour Mlekuz, mais il devient cathartique pour ces deux pieds nickelés préparés à rien. Film décidément inattendu, À Bicyclette, parvient à transformer l'impudeur de filmer sa souffrance par une mini-odyssée tout en tendresse et transcende une douleur intime en concentré d'humanité, la recherche d'une consolation en récit de transmission. Le plus émouvant n'étant pas la progression vers l'apaisement d'un père désormais orphelin de son fils, mais la conjuration de cet inextinguible chagrin par une infaillible camaraderie. À Bicyclette trouvant même une vitesse de croisière dans le mantra que s'échangent Mlekuz et Rebbot au gré de la route : "si on peut, soyons joyeux".Avec Creation of the Gods 2 : Demon Force, le cinéma chinois s'essaie à construire une route vers le public occidental. Difficile de ne pas voir dans ce blockbuster d'héroïc fantasy, un instrument de soft power pour le régime de Xi Jiping. Comme en a attesté une projection de presse affublée d'un discours d'ambassadeur, scrutée par une armada de caméras probablement chargée de rapporter la bonne parole au parti. Pour autant, il faut bien reconnaître que ce potentiel cheval de Troie commercial sait ne pas trop appuyer sur un discours propagandiste ou politique pour se concentrer sur le spectaculaire de scènes d'action ou d'un rythme digne du Seigneur des anneaux. Se payant le luxe de sous-intrigues bien écrites, évitant de bâiller devant un récit sommes toutes limité à un combat des forces du Bien contre celles du Mal, Creation of the Gods 2 parvient même à renouer avec la chair du cinéma d'aventures old school, celle qui s'est justement évaporée dans les superproductions hollywoodiennes équivalentes, toujours plus désincarnées. Plutôt maligne, cette nouvelle étape d'une volonté de conquête culturelle, s'avère efficace quand elle conjugue à la fois exotisme et reconnexion à un très plaisant divertissement populaire.À Bicyclette / Creation of the Gods 2 : Demon Force en salles le 26 février.