Pourquoi de l'or se forme dans les aiguilles de certains sapins ?
Dans les forêts du nord de l’Europe, certains sapins cachent un trésor inattendu. Dans leurs aiguilles, les scientifiques ont découvert… de l’or. Pas des paillettes visibles à l’œil nu, mais de minuscules nanoparticules métalliques, formées au cœur même du végétal. Ce phénomène fascinant, resté longtemps mystérieux, vient d’être éclairé par une étude publiée le 28 août 2025 dans la revue Environmental Microbiome.Les chercheurs de l’université d’Oulu, en Finlande, se sont penchés sur les aiguilles de l’épicéa commun, Picea abies. Ils ont prélevé des échantillons d’arbres poussant au-dessus de gisements aurifères et ont fait une découverte stupéfiante : dans quatre arbres sur vingt-trois, les aiguilles contenaient de véritables nanoparticules d’or. Comment cet élément, réputé inerte, pouvait-il apparaître au sein d’un organisme vivant ?Tout commence dans le sol. Dans les zones riches en or, l’eau qui s’infiltre peut dissoudre de minuscules quantités du métal précieux. Les racines de l’arbre absorbent ensuite cette eau, qui monte lentement dans les tissus jusqu’aux aiguilles. C’est là qu’intervient le chaînon manquant : des bactéries invisibles, appelées “endophytes”, qui vivent naturellement à l’intérieur des plantes. Ces micro-organismes, en modifiant la chimie locale, seraient capables de précipiter l’or dissous et de le transformer en particules solides. Autrement dit, les bactéries feraient “cristalliser” l’or dans les aiguilles.L’étude a révélé que certaines familles bactériennes, comme Cutibacterium ou Corynebacterium, étaient plus présentes dans les aiguilles contenant de l’or. Les chercheurs ont même observé, au microscope électronique, de véritables biofilms bactériens enserrant les nanoparticules dorées. Ces communautés microbiennes semblent agir comme de minuscules usines de biomineralisation, transformant la matière dissoute en métal pur.Mais attention : ce phénomène reste rare et capricieux. Tous les sapins poussant sur un sol aurifère ne contiennent pas d’or. Il dépend de la composition du sol, de l’humidité, du réseau racinaire, et surtout de la présence des bonnes bactéries au bon endroit.Au-delà de la curiosité scientifique, cette découverte ouvre une voie étonnante : celle d’une prospection minière écologique. En étudiant les arbres et leurs microbes, il serait peut-être possible de repérer des gisements d’or enfouis sans creuser la terre. Ainsi, même au cœur d’une forêt boréale, un simple sapin pourrait devenir un éclaireur précieux, pointant silencieusement vers les trésors cachés de la planète. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.