
Pourquoi l’événement pluvial du Carnien a été décisif pour la Terre ?
19/12/2025 | 2 min
Il y a environ 233 millions d’années, au Trias, la Terre a connu un bouleversement climatique majeur aujourd’hui appelé événement pluvial du Carnien (Carnian Pluvial Episode, ou CPE). Pendant près de deux millions d’années, notre planète est passée d’un climat globalement chaud et sec à une période de pluies intenses, de tempêtes violentes et d’humidité persistante. Cet événement, longtemps méconnu, est aujourd’hui considéré comme un tournant décisif pour l’évolution de la vie et la structure même des écosystèmes terrestres.Mais que s’est-il réellement passé ? Les géologues pensent que ce changement climatique a été déclenché par d’immenses éruptions volcaniques dans la région aujourd’hui appelée Province magmatique de Wrangellia, en Amérique du Nord. Ces éruptions ont libéré d’énormes quantités de CO₂ et d’aérosols dans l’atmosphère, entraînant un réchauffement brutal puis, paradoxalement, un cycle intense d’évaporation et de précipitations. Le climat est devenu nettement plus humide, transformant profondément les paysages : expansion des marécages, recul des déserts, nouvelles zones forestières.Cet épisode a également provoqué une extinction biologique, certes moins connue que celle des dinosaures, mais tout aussi structurante. De nombreuses espèces marines — coraux anciens, ammonoïdes, certains groupes de reptiles marins — ont fortement décliné. Sur les continents, plusieurs lignées d’herbivores géants ont disparu. Ce renouvellement écologique a laissé de vastes niches vacantes.Et c’est précisément là que le CPE devient déterminant : cette période de bouleversements a permis l’essor des dinosaures. Présents depuis quelques millions d’années mais encore minoritaires, ils ont profité de l’instabilité écologique pour se diversifier rapidement et dominer la Terre pendant les 165 millions d’années suivantes. Les premières tortues, les premiers lézards modernes et même les ancêtres des crocodiles apparaissent également à cette époque.Mais l’impact ne se limite pas à la faune. C’est aussi durant l’événement pluvial du Carnien que se développe ce qui deviendra la forêt moderne. L’humidité persistante favorise l’explosion des conifères, des fougères et des plantes à graines. Les sols deviennent plus riches, plus profonds, capables de stocker davantage de carbone : un mécanisme essentiel dans la régulation du climat.Pour les scientifiques, le CPE est un rappel puissant : un changement climatique soudain peut remodeler la planète en profondeur. Il a créé le monde dans lequel les dinosaures ont prospéré et a posé les bases des écosystèmes terrestres actuels. En somme, sans cet événement pluvial, la Terre telle que nous la connaissons serait méconnaissable. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Pourquoi l’industrie de l’armement freine la transition écologique ?
18/12/2025 | 13 min
La transition écologique réclame des matériaux très spécifiques : lithium, cobalt, nickel, terres rares, graphite… Autant de ressources indispensables pour les batteries, les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les réseaux électriques de demain. Mais un rapport récent soulève un problème inattendu : une partie de ces matériaux stratégiques serait accaparée par l’industrie de l’armement, notamment aux États-Unis, où le Pentagone constituerait des réserves massives dans un but purement militaire. Cette situation pourrait, à moyen terme, freiner le déploiement d’une économie décarbonée.Depuis plusieurs années, le Département de la Défense américain renforce ses stocks de minéraux critiques. L’objectif officiel est d’assurer l’autonomie stratégique des forces armées en cas de crise. Mais cette stratégie entre désormais en concurrence avec celle de la transition énergétique, qui dépend des mêmes ressources. Drones, systèmes de guidage, capteurs, moteurs électriques des sous-marins : nombre d’équipements militaires modernes nécessitent précisément les matériaux que réclament aussi les technologies vertes. Résultat : le marché mondial devient plus tendu, les prix augmentent et certains industriels du solaire ou des batteries peinent à s’approvisionner.Le rapport souligne également que la demande militaire n’est pas seulement ponctuelle : elle est structurelle et en croissance. Les conflits récents, la modernisation des armées et la montée en puissance technologique ont fait exploser les besoins. L’Agence américaine pour les minéraux stratégiques estime ainsi que certains matériaux rares, comme le dysprosium ou le néodyme, pourraient connaître une pénurie dès la prochaine décennie si toutes les armées occidentales poursuivent leurs achats au même rythme.Cela pose un dilemme. D’un côté, les États doivent assurer leur sécurité. De l’autre, la transition écologique mondiale exige un accès stable et abondant à ces matériaux. Une compétition directe s’installe, amplifiée par la dépendance à la Chine, qui contrôle une part considérable de l’extraction et du raffinage.Certains experts appellent à une meilleure coordination internationale pour éviter que la défense et la transition énergétique ne se cannibalisent. Ils recommandent notamment de développer des chaînes d’approvisionnement locales, d’investir massivement dans le recyclage des métaux et de créer des quotas réservés aux industries vertes.Car si cette compétition perdure, les conséquences pourraient être lourdes : retards dans la production de batteries, hausse des coûts des énergies renouvelables et ralentissement général du passage à une économie bas carbone. La transition écologique a besoin de matériaux… mais elle a surtout besoin qu’ils ne disparaissent pas dans les arsenaux. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Les éoliennes sont-elles responsables du réchauffement des océans ?
16/12/2025 | 2 min
Depuis quelque temps, une idée surprenante se répand sur certains sites conspirationnistes : les éoliennes en mer seraient responsables du réchauffement des océans. Cette affirmation, totalement infondée scientifiquement, s’appuie notamment sur un article publié par The Epoch Times, un média connu pour diffuser régulièrement des théories complotistes. Relayée ensuite par l’association des Climato-Réalistes, cette rumeur prétend que les turbines offshore brassereraient l’eau, perturberaient les courants marins et contribueraient ainsi à une hausse de la température des océans.Mais d’où vient cette idée ? Elle s’appuie sur une mauvaise interprétation — volontaire ou non — d’études scientifiques portant sur les micro-effets locaux des éoliennes. Certaines recherches ont en effet montré que les parcs offshore peuvent créer de légères modifications dans la circulation de l’eau immédiatement autour des fondations : des tourbillons, une redistribution locale des sédiments ou une modification très ponctuelle de la vitesse du courant. Rien d’étonnant : tout obstacle dans un fluide, qu’il s’agisse d’un rocher ou d’une plateforme pétrolière, provoque des effets similaires.Là où la rumeur déraille totalement, c’est quand elle transforme ces phénomènes locaux et minimes en un phénomène planétaire et massif. Scientifiquement, c’est impossible. La quantité d’énergie générée par les éoliennes est dérisoire comparée aux forces qui pilotent réellement la température des océans : l’ensoleillement, les vents globaux, la salinité, les échanges thermiques avec l’atmosphère et, surtout, le piégeage de chaleur dû aux gaz à effet de serre. Pour donner une idée : en un an, l’ensemble des éoliennes mondiales modifie moins la dynamique de l’océan qu’une seule journée de vent sur l’Atlantique.Par ailleurs, si les éoliennes réchauffaient réellement les océans, on devrait observer une différence de température mesurable autour des parcs offshore. Or, aucune étude océanographique ne rapporte un tel phénomène. Les données satellitaires et les mesures in situ montrent que le réchauffement océanique suit une tendance globale liée à l’augmentation des émissions de CO₂, et non à l’installation d’infrastructures énergétiques.Alors pourquoi cette rumeur persiste-t-elle ? Parce qu’elle sert un récit politique : discréditer les énergies renouvelables en leur attribuant des conséquences imaginaires. Ces théories rencontrent un certain succès car elles proposent une explication simple — et fausse — à un problème complexe.La réalité scientifique est limpide : le réchauffement des océans est dû à l’accumulation massive de chaleur dans la couche supérieure de la planète, directement provoquée par les gaz à effet de serre. Les éoliennes, elles, ne font que produire de l’électricité sans émettre de CO₂. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Qu’est-ce que l’AMOC, et pourquoi son affaiblissement menace l’Europe ?
15/12/2025 | 2 min
L’AMOC, pour Atlantic Meridional Overturning Circulation, est l’un des moteurs climatiques les plus importants de la planète. Il s’agit d’un immense tapis roulant océanique qui transporte la chaleur depuis les tropiques vers l’Atlantique Nord. Le principe est simple : les eaux chaudes et salées du golfe du Mexique remontent vers l’Europe, se refroidissent en arrivant près du Groenland, deviennent plus denses et coulent en profondeur, avant de redescendre vers le sud. Ce cycle, continu depuis des millénaires, contribue à adoucir le climat de l’Europe occidentale, à stabiliser les saisons et à réguler les échanges thermiques à l’échelle mondiale.Mais depuis plusieurs décennies, les scientifiques constatent que ce système se fragilise. Le réchauffement climatique fait fondre les glaces du Groenland, apportant de grandes quantités d’eau douce dans l’Atlantique Nord. Or, une eau moins salée est aussi moins dense : elle a plus de mal à couler. Résultat : le moteur de l’AMOC ralentit. Plusieurs études, dont celles publiées dans Nature Climate Change et Science Advances, suggèrent que l’AMOC est aujourd’hui à son plus faible niveau depuis plus d’un millénaire.On parle souvent d’un risque d’effondrement de l’AMOC, un scénario extrême mais pris très au sérieux. On sait qu’un tel événement, dans le passé, a provoqué des refroidissements brutaux de plusieurs degrés en Europe. Mais ce que l’on connaît moins, c’est l’autre conséquence potentiellement catastrophique : selon des travaux récents, un affaiblissement durable de l’AMOC pourrait entraîner une augmentation massive et prolongée des sécheresses en Europe, non pas sur quelques décennies, mais sur près de 1000 ans.Comment est-ce possible ? Lorsque l’AMOC ralentit, moins de chaleur est transportée vers le nord. Cela modifie la position des jets streams et change la répartition des précipitations. En particulier, l’Europe du Sud et de l’Ouest recevrait beaucoup moins d’humidité. Les modèles climatiques montrent qu’un AMOC affaibli pourrait entraîner une aridification comparable à celle observée dans certaines régions méditerranéennes, mais étendue à une grande partie du continent.Une telle sécheresse de longue durée affecterait l’agriculture, la disponibilité de l’eau potable, les écosystèmes forestiers et la stabilité économique de nombreux pays européens. Ce ne serait pas un épisode ponctuel, mais un basculement durable du climat, dont les effets s’étaleraient sur des centaines de générations.Ainsi, l’AMOC n’est pas seulement un courant océanique : c’est l’un des gardiens silencieux de l’équilibre climatique européen. Et son affaiblissement pourrait transformer radicalement notre continent. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Pourquoi des microbes pourraient désamorcer la “bombe méthane” ?
12/12/2025 | 2 min
Depuis des années, les climatologues redoutent un scénario catastrophe : la libération massive de méthane piégé dans le permafrost arctique. Ce gaz est 80 fois plus puissant que le CO₂ à court terme, et sa libération rapide pourrait accélérer le réchauffement climatique de manière incontrôlable. On appelait ce risque la “bombe méthane”. Mais une nouvelle étude publiée dans Communications Earth and Environment vient bouleverser cette vision. Selon les chercheurs, certains microbes pourraient jouer un rôle inattendu : neutraliser une partie importante du méthane avant qu’il ne rejoigne l’atmosphère.Le permafrost renferme d’immenses quantités de matière organique gelée depuis des millénaires. Avec la hausse des températures, cette matière dégèle, se décompose et produit du méthane. Jusqu’ici, on pensait que ce méthane s’échapperait directement dans l’air, formant une boucle de rétroaction dramatique : plus de chaleur → plus de fonte → plus de méthane → encore plus de chaleur.L’étude révèle cependant un mécanisme biologique longtemps sous-estimé. Dans certains sols arctiques, des micro-organismes appelés méthanotrophes — littéralement “mangeurs de méthane” — parviennent à consommer ce méthane avant qu’il ne s'échappe. Ces bactéries utilisent le méthane comme source d’énergie et de carbone, le transformant ensuite en CO₂, un gaz certes problématique, mais beaucoup moins puissant en termes d’effet de serre.Les chercheurs ont analysé des carottes de sol prélevées dans plusieurs régions du permafrost et ont découvert que la diversité et l’activité de ces microbes étaient largement supérieures à ce que l’on imaginait. Plus étonnant encore : leur efficacité augmente lorsque le sol dégèle, car les conditions deviennent plus favorables à leur métabolisme. Autrement dit, la libération progressive du méthane active en partie les organismes capables de le neutraliser.Attention toutefois : cette découverte ne signifie pas que le danger est écarté. Les méthanotrophes ne peuvent pas consommer tout le méthane. Une partie s’échappe effectivement dans l’atmosphère, et la quantité totale reste préoccupante. Mais cette réaction microbienne réduit potentiellement de 20 à 60 % les émissions que l’on anticipait dans les scénarios les plus pessimistes, selon les modélisations proposées dans l’étude.Cette découverte ouvre un nouvel horizon : le permafrost ne serait pas un simple piège à gaz prêt à exploser, mais un écosystème complexe, dans lequel la vie microbienne pourrait atténuer certains effets du changement climatique.En somme, ces microbes ne sauvent pas la planète, mais ils offrent un répit inattendu — une ligne de défense naturelle que les scientifiques commencent seulement à comprendre. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.



Choses à Savoir PLANETE